Monter une startup, c’est rarement en solo. Derrière les plus belles réussites entrepreneuriales se cachent souvent des duos ou des trios solides, où chaque associé joue un rôle clé dans la réussite du projet. Trouver un bon associé, c’est un peu comme choisir un coéquipier pour une course de fond : il faut s’accorder sur la direction, avancer au même rythme, et surmonter les obstacles ensemble.
Mais comment faire le bon choix ? Où chercher ce partenaire de confiance ? Faut-il s’associer avec un ami, un ancien collègue, ou quelqu’un qu’on ne connaît pas encore ? Comment évaluer la compatibilité, éviter les erreurs classiques, et poser les bonnes bases dès le départ ?
Dans cet article, on vous partage :
- où trouver un associé pour votre startup,
- comment évaluer les bons critères pour construire un partenariat équilibré,
- les erreurs fréquentes à éviter,
- des témoignages d’entrepreneurs qui partagent leur expérience concrète.
Que vous soyez en phase d’idéation ou déjà lancé dans l’aventure, cet article vous aidera à poser les bases d’une association solide, alignée et durable.
1. Pourquoi est-il essentiel de bien choisir son associé en startup ?
S'associer est souvent un passage obligé dans l'aventure entrepreneuriale. Pour la majorité des startupers, elle apparaît comme une nécessité. Contrairement à l'image du fondateur solitaire, 87 % des entrepreneurs interrogés ont au moins un ou une associé(e). Trouver le bon partenaire est un défi crucial, qui repose sur plusieurs critères clés. Mais comment choisir son associé et entretenir une relation solide sur le long terme ? Un ami, une connaissance, un ancien collègue ?
■ Où trouver des candidats potentiels pour s'associer ?
Seuls 9 % des fondateurs et fondatrices de start-up trouvent leur(s) associé(s) dans leur cercle familial. La majorité cherche plutôt des partenaires aux compétences complémentaires au sein de leur réseau personnel et professionnel :
- 32 % rencontrent leur associé dans le cadre professionnel,
- 23 % durant leurs études,
- 27 % parmi leurs amis,
- 15 % lors de forums, salons ou événements dédiés aux startups.
■ Utiliser son réseau personnel et professionnel
Parfois, votre futur associé se trouve déjà autour de vous. Avant de chercher loin, pensez aux personnes avec qui vous avez déjà travaillé ou collaboré sur des projets : collègues, camarades d’études, partenaires de hackathon, ou même amis avec qui vous avez mené des initiatives personnelles. Une relation professionnelle passée permet souvent d’identifier les complémentarités et d’éprouver la capacité à travailler ensemble dans des situations concrètes.
De nombreux duos ou trios fondateurs emblématiques se sont construits sur ce type d’expérience partagée. C’est un excellent moyen de réduire l’incertitude et de partir sur des bases solides, avec une confiance déjà établie. Votre réseau immédiat est souvent un terrain fertile pour trouver un ou un associé(e).
Les cercles professionnels plus larges peuvent aussi être activés : anciens managers, mentors, ou partenaires avec qui vous avez collaboré peuvent non seulement vous mettre en relation avec d’éventuels profils compatibles, mais aussi jouer un rôle de filtre ou de conseil dans votre recherche d’associé.
■ Participer à des événements dédiés aux entrepreneurs
L’écosystème entrepreneurial est riche en opportunités de rencontres. On peut participer à des événements conçus pour rassembler celles et ceux qui souhaitent créer, apprendre ou s’entourer. À Lyon, des salons comme le Forum des Entrepreneurs organisé par la CCI ou Go Entrepreneurs offrent chaque année des temps forts pour découvrir d’autres porteurs de projets, assister à des conférences inspirantes, et réseauter autour de vos idées.
Ces grands rendez-vous sont souvent complétés par des formats plus intimistes comme des meetups thématiques, des apéros startups, ou des ateliers de co-développement. Ces moments sont idéaux pour échanger dans un cadre détendu, tester l’alignement de vos valeurs avec d’autres entrepreneurs, et pourquoi pas, commencer une collaboration.
■ Explorer les communautés dédiées (en ligne ou non !)
Certaines communautés sont spécifiquement pensées pour favoriser les connexions entre entrepreneurs. Les antennes locales de La French Tech par exemple, comme La French Tech One Lyon-St Etienne, animent des réseaux dynamiques où les opportunités de rencontres ne manquent pas : événements, meetups, groupes Slack, ateliers ou même forums. Ces espaces permettent non seulement d’échanger sur ses problématiques, mais aussi d’identifier des profils motivés et engagés.
Côté accompagnement, les accélérateurs comme le HUB612, les pépinières comme Lyon Startup, ou les incubateurs universitaires offrent des environnements propices pour croiser d'autres porteurs de projets. En intégrant ces structures, on peut rejoindre une communauté d’entrepreneurs aux parcours variés, idéal pour détecter un ou une future associée qui partage notre vision.
Amis, anciens collègues, camarades de promotion ou contacts LinkedIn : vous seriez surpris du nombre de personnes autour de vous qui ont l’envie d’entreprendre… sans oser le dire ouvertement. Parlez de votre projet autour de vous, partagez vos ambitions, et soyez attentif aux réactions : un simple échange peut ouvrir la voie à une collaboration.
2. Comment évaluer un potentiel associé ?
■ Vérifier la complémentarité des compétences
Un bon duo d'associés repose sur la complémentarité des compétences. Tandis que l'un peut se concentrer sur le produit (technique, design, innovation), l'autre peut s'occuper de la stratégie commerciale et du marketing. Avoir deux profils trop similaires peut limiter la diversité des perspectives et des compétences nécessaires pour répondre aux challenges de la création d’une entreprise.
Julien Decherf-Mathiolon, ancien trader, a eu l’idée d’appliquer à l’économie réelle de l’achat-revente des méthodes de la finance traditionnelle. Il a donc créé Wavo, une plateforme pour financer les stocks des TPE/PME de l’achat-revente sans dette. Pour chercher les compétences et les qualités nécessaires à la construction de l’entreprise, Julien Decherf-Mathiolon s’est associé à Adrien Plat.
Pourquoi ? Julien a eu l’idée, l’arrivée d’Adrien a pour but de confronter le produit au marché. Fort de plus de 15 ans d’expérience en marketing et acquisition SaaS B2B, Adrien est un expert de la croissance. Entrepreneur aguerri, il a notamment cofondé Indy où, en tant que CMO, il a contribué à attirer 50 000 clients, générer 10 millions d’euros d’ARR et lever 50 millions d’euros en 5 ans. Son expérience doit permettre à Wavo de déployer très fortement son produit et son offre.
■ Partager une vision et des valeurs communes
L'alignement de la vision et des valeurs est essentiel. Maud Charaf, directrice du HUB612 et experte dans l’accompagnement de startups, nous parle de son analyse des associés : “Quand je reçois des associés pour la première fois, je regarde avant tout s’ils sont alignés dans leur ambition, dans leur moteur et leur vision. C’est aussi le plus gros “pain” que je vois sur le long terme. Ces trois éléments sont primordiaux, un désalignement d'ambition aura sûrement un impact sur la stratégie de l'entreprise. Des moteurs différents peuvent être complémentaires, mais se révèlent souvent compliqués dans la durée.”
Ces valeurs seront aussi déterminantes dans la culture d’entreprise au fur et à mesure que la boîte grandira. L'exemple de PayFit, logiciel de paie & RH, en est une bonne illustration. Ses fondateurs, Firmin, Ghislain et Florian, avaient des compétences différentes et complémentaires, mais partageaient des valeurs et une précédente expérience de travail. Leurs valeurs communes ont permis d’être les fondements d’une culture d’entreprise forte, durable et incarnée : excellence, humilité, bienveillance et passion. Au fur et à mesure que l’entreprise grandit, elles permettront à ses fondateurs de garder une ligne directrice, et de la diffuser au sein des équipes.
■ Se donner les clés pour assurer une bonne gouvernance
Dès le départ, il est essentiel de définir les domaines de compétences de chacun, de clarifier les rôles et les responsabilités, afin d'éviter les zones grises et les conflits.
- Le scope
Cela passe d’abord par définir le domaine de compétences de chacun. Souvent, chacun apporte assez naturellement son expertise, mais parfois cela est plus complexe. Ludovic Giry, CTO et cofondateur d’Ubikap témoigne :“Nous avons composé notre couple d'associés avant de choisir un projet. Disons que le destin nous a réunis dans un programme de création d'entreprise ! La difficulté, c’est que nous avions des compétences relativement similaires, il a donc fallu qu'un de nous deux soit enclin à changer de métier, et le choix s'est fait assez naturellement. Sur le papier, je n'ai pas choisi un associé qui me complète (ce qui semble pourtant être une bonne idée), mais j'ai choisi un associé suffisamment motivé pour apprendre à me compléter, et c'est à mon sens le plus important”.
- Les processus
Il convient de clarifier les différents processus dès le début : la prise de décision, les rôles de chacun, l’utilisation des fonds, mais aussi comment résoudre les conflits. Définir les scopes et les processus, c’est aussi savoir qui prend la décision finale en cas de litige ou de conflit. Cela permet d’appliquer le “Disagree and commit” par exemple, comme le font les cofondateurs d’Ubikap - c’est-à-dire d’exprimer son désaccord mais d’être prêt à s’engager totalement une fois la décision prise. Clarifier ensemble cette approche de la décision permet d’éviter les blocages de l’entreprise, d’accélérer la prise de décision, tout en encourageant le débat.
- L’engagement financier
Plusieurs points sont à discuter en matière de finance :
- Apport financier : il convient de définir qui investit combien et sous quelle forme (capital, prêt d'honneur, financement personnel), et quel impact une différence peut avoir dans la prise de décision. Un manque d'accord sur ce point peut créer des tensions en cas de difficultés financières.
- Attentes salariales : les associés doivent être transparents sur leurs besoins financiers. Dans les premières années, les salaires sont souvent réduits, voire inexistants. Il est important de s'accorder sur les paliers de rémunération et les critères à remplir avant de commencer à se verser un salaire.
- Différence de salaire entre associés : tous les cofondateurs ne doivent pas nécessairement percevoir le même salaire. Certains experts recommandent une répartition en fonction des responsabilités et du niveau d'engagement, tant que cela est clairement défini et accepté par tous.
- Gestion des dépenses personnelles et d'entreprise : vous pouvez clarifier dès le début quelles dépenses sont à la charge de l'entreprise et lesquelles restent personnelles.
- La répartition de la charge de travail : Il est important de s'assurer que chaque associé est prêt à s'investir au même niveau. “Nous avons travaillé plusieurs mois ensemble avant de décider de s'engager. De mon côté, le critère auquel j'ai fait attention était de m'assurer que notre motivation était similaire, car c'est la différence d'engagement qui pour moi peut créer les premières tensions. Ensuite, forcément il faut partager des valeurs et des ambitions communes.” Ludovic Giry, CTO et cofondateur d’Ubikap.
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3. Les erreurs à éviter lors du choix de son associé
■ Négliger l'importance de la structure légale (pacte d’associés, mais pas que !)
- Le pacte d'associés :
Il est clé de l’établir dès le départ. Il définit juridiquement les règles de fonctionnement de l'association, les droits et devoirs de chacun, ainsi que les modalités de résolution des conflits et de sortie d'un associé. Le pacte d’associés prévoit notamment les conditions de cession des parts et les conséquences d'un départ involontaire (décès, incapacité, désengagement).
Maud Charaf témoigne : “Un associé, ça se choisit comme un couple. Je conseille aux cofondateurs de penser aux termes du divorce avant de construire leur couple d’associés. Le pacte d'associés est aussi le document pour le matérialiser. C’est une manière de voir si on est vraiment aligné, et puis mieux vaut se poser les questions quand tout va bien !”
- La répartition des actions
La distribution du capital doit être équilibrée et motivante pour toutes les parties. Une répartition à 50/50 peut sembler juste mais peut aussi poser des problèmes en cas de désaccord et empêcher l’entreprise d’avancer. Certains préfèrent une répartition en fonction des contributions financières et des responsabilités, avec des clauses prévoyant une redistribution en cas d'évolution de l'implication des associés.
- Le dispositif de vesting
Il permet d'éviter qu'un associé ne quitte l'entreprise trop tôt avec une part importante du capital. Les parts sont alors acquises progressivement sur une période définie (généralement 3 à 4 ans), souvent avec une période de "cliff" (aucune part acquise avant une durée minimale, par exemple un an). Il encourage un engagement à long terme et préserve l'intérêt de la société.
■ Sous-estimer les différences de vision à long terme
Quand on démarre une startup, l’enthousiasme et l’envie d’entreprendre peuvent facilement masquer des divergences de fond. Pourtant, avoir des visions différentes du futur de l’entreprise est l’un des premiers facteurs de rupture entre associés. Faut-il viser une croissance rapide ou une progression organique ? Quelle taille de startup veut-on créer ? Est-on prêt à lever des fonds ou préfère-t-on rester indépendant ? Quel niveau de risque chacun est-il prêt à assumer ?
Ces sujets, s’ils ne sont pas abordés en amont, peuvent devenir des bombes à retardement. Ce n’est pas parce qu’on s’entend bien sur le court terme qu’on est forcément alignés sur le moyen ou long terme. Discuter ouvertement des ambitions personnelles, du type d’entreprise qu’on veut construire, des valeurs qu’on veut incarner, mais aussi des scénarios de sortie est incontournable : envisage-t-on de vendre, de passer la main ou de rester impliqué à vie ?
Un bon réflexe : poser noir sur blanc ces éléments dès le début dans un document ou lors de sessions dédiées. Cela permet de tester l’alignement stratégique et de limiter les mauvaises surprises.
■ Ignorer les signaux d’alerte lors des premières interactions
Au démarrage d’une relation entre futurs associés, tout peut sembler fluide… Mais il est clé de rester à l’écoute des petits signaux faibles. Une communication floue, des engagements non tenus, une difficulté à gérer les désaccords ou à écouter l’autre sont autant de signaux d’alerte qu’il ne faut pas minimiser.
Ces premiers échanges sont en réalité des tests grandeur nature : comment l’autre réagit sous pression ? Est-ce qu’il ou elle sait reconnaître une erreur ? Est-ce que la répartition des tâches se fait naturellement ou crée des tensions ? Mieux vaut repérer dès les premières semaines si le mode de collaboration est sain et constructif.
Comme dans une relation amoureuse, il est tentant de relativiser ou de “laisser passer”. Mais dans un projet entrepreneurial, chaque point d’inconfort non adressé peut se transformer en source de conflit majeur. Ne vous contentez pas de “bien vous entendre” : challengez-vous sur des situations concrètes, prenez des décisions ensemble, discutez des sujets sensibles.
4. 3 témoignages d'entrepreneurs : comment ils ont trouvé leur associé idéal
■ Le cas de Wavo : la mise en relation grâce à la communauté
Adrien Plat et Julien Decherf ont été mis en relation grâce à la communauté et au réseau du HUB612. Parlez de votre projet à vos connaissances professionnelles et personnelles : elles vous connaissent et pourront jouer les match-makers avec des gens de leur communauté.
■ Le cas d’Ubikap : la rencontre dans un programme fait pour les entrepreneurs
Les rendez-vous des entrepreneurs sont une bonne occasion de rencontrer votre associé : au sein d’événements, de programmes de création d’entreprise, mais également sur des plateformes dédiées.
■ Le cas de PayFit : l’amitié qui se transforme en partenariat professionnel réussi
Le parcours scolaire permet de se créer de solides amitiés. Et ces amis peuvent se révéler être de parfaits associés ! D’autres critères entrent en jeu comme les valeurs, les compétences.
Les clés pour une association réussie dans une startup
Pour faire durer son couple, il faut avant tout maintenir une communication efficace. Il est conseillé de prévoir des réunions régulières afin de garantir un alignement constant. Maud Charaf insiste sur l'importance de ces moments de connexion : “Il faut en plus programmer des rendez-vous à deux, hors business, pour parler d’autres choses que de travail. Partager des rituels entre associés est fondamental pour entretenir le couple (ou le trio). Dans notre programme d’accélération Start to scale, nous initions ces rituels afin de bien rappeler aux fondateurs pourquoi ils sont dans l'aventure ensemble. La relation humaine est primordiale. Une association est avant tout une histoire d'homme.”
Ludovic Giry d'Ubikap partage son expérience : “Nous n'avons pas formalisé de rituel, mais partageons souvent des moments de détente où nous laissons Ubikap de côté. L'ingrédient secret, c'est la bienveillance. Comprendre comment fonctionne l'autre, savoir quand il a besoin d'être épaulé, et être confiant dans le fait qu'il sera là quand vous en aurez besoin.”
Trouver un bon associé est une étape décisive dans la création d'une startup. Il ne s'agit pas seulement de compétences, mais aussi d'alignement sur la vision, les valeurs et l'engagement. Comme dans un couple, il est essentiel d'entretenir la relation et d'anticiper les conflits pour assurer une collaboration durable et fructueuse.
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